Le monument Sagrada Familia : entre le passé et le présent


La Sagrada Familia est ce qu’on pourrait appeler une destination célébrissime attirant annuellement des millions de personnes provenant des 4 coins du monde. Cependant, la Sagrada Familia n’est pas uniquement un aimant à touristes, mais l’un des chantiers les plus longs et faramineux d’Espagne et une concrétisation palpable de tout un univers de sémiologie et de culture. Etalée sur trois siècles, la construction de la Sagrada Familia est un mariage entre des techniques et des sciences du XIXe siècle avec des aspirations et visualisations abstraites du XXIe siècle. Tel un maillon qui lie les chaînes de l’histoire, de l’architecture et de l’art, la Sagrada Familia se tient debout, un pied dans le passé et l’autre dans le futur.

 

• La Sagrada Familia : Les origines du chef-d’œuvre

La Sagrada Familia, dont la traduction littérale donnerait le temple expiatoire de la Sainte Famille est originellement le rêve d’un libraire extrêmement croyant : Josep Maria Bocabella. Ce dernier acheta le terrain sur lequel se tient debout la Sagrada Familia actuelle. Ce n’est qu’en 1882, que la construction commença réellement. Antoni Gaudi, célèbre architecte de l’époque, reprit alors le projet et ne cessa de s’y adonner qu’en 1926, date de sa mort.

Si le chantier de la Sagrada Familia a fait couler autant d’encre, parler autant de langues et fasciner autant de rétines, c’est pour deux raisons importantes :

  • Le projet est colossal voire faramineux. Les plans de Gaudi indiquent une construction finale composée de 18 tours aux nombres des 12 apôtres, des 4 évangélistes, de la Vierge Marie et de Jésus Christ. Cette dernière aura une hauteur de 172 mètres. Les autres tours seront plus basses mais tout aussi imposantes. Le temple intérieur sera composé de 5 nerfs, une croisée, une abside, un cloître et de trois façades. De son vivant, Gaudi a achevé la construction de la façade principale de la Nativité.
  • Le timbre avantgardiste et innovant du projet. En effet, les plans de Gaudi révèlent une vision architecturale unique et un sens artistique aiguisé. Essayant de marier le naturalisme au minimalisme abstrait, les courbes épurées aux traitements déconstruits en chainettes, Gaudi a décrit dans ses maquettes une prouesse technique de laquelle émane une volonté de transformer l’architecture rigide en un lyrisme expressif. Cette audace vaudra à la Sagrada Familia sa classification au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 2005.

• Un rythme lent :

Le chantier de la Sagrada Familia dure depuis 136 ans et sa fin symbolique est prévu pour 2026, soit un siècle après la mort d’Antoni Gaudi. Dans un premier temps, les travaux ont eu du mal à suivre un rythme régulier à cause du financement. En effet, étant un temple expiatoire, la Sagrada Familia n’est financée que par l’aumône et les donations. Avec l’augmentation des nombres de visiteurs, les donations se sont multipliées, permettant ainsi l’avancement du chantier.

D’un autre côté, le décès Gaudi en 1926 et la guerre civile de 1936 ont constitué des freins de construction. Dès lors, il n’y avait plus de penseur à la tête du projet, seulement des plans et des maquettes desquels pouvaient s’inspirer les architectes intéressés. La guerre civile n’a pas facilité la tâche puisque plusieurs documents ont été perdus à cause des incendies.

 

• Un avenir proche et colossal

En 2010, le pape Benoît XVI consacre la Sagrada Familia qui devient alors officiellement une basilique. Cette transformation officieuse en lieu de culte a accéléré les travaux et donné une visibilité internationale au projet.

Depuis plusieurs architectes et artistes se succèdent pour laisser leurs empreintes sur le projet final. Jordi Bonet est l’un de ceux qui ont cédé à l’appel du devoir et de la famille- puisque son oncle avait travaillé avec Gaudi -. Aujourd’hui, en visitant la Sagrada Familia vous pouvez assister en direct au chantier et admirer la verrerie qui se hisse délicatement pour former les façades.